Sur son étal un vieux boucher
décore la chair, non sans fierté
la viande froide et trépassée
De l’apparence, tout un métier.
Les entrecôtes et les bavettes
en voisines des palettes
toutes tranchées et bien coquettes
dans leurs plats restent muettes
Une mouche passant par là
pose sa trompe sur les abats
goutte et peste plusieurs fois
s’agaçant à haute voix !
« Pourquoi triches tu sur ta marchandise
ce sont des bêtes, pas des friandises ? »
Furieux l’homme se précipite
pour faire taire le parasite.
«Oh là là, s’indigne la mouche,
ne vois tu pas, si tu me touches
De peur, je lacherai dans ta vitrine
toutes mes déjections et mes toxines ?»
Saisissant ses feuilles et ses couteaux
Le boucher se jette sur un gigot
que l’insecte avait déjà souillé
de quelques crottes improvisées.
De rage l’artisan en pleine crise
En lanceur de lames s’improvise
Si bien que son commerce en peu de temps
est champ de bataille, de chiures et de sang.
La mouche, de ce spectacle, consternée
Se tourne vers l’homme qui a voulu la supprimer :
« Quand on expose des cadavres de bêtes
faut-il encore le faire de manière honnête.
On ne sort jamais vainqueur en cachant la vérité
Celle-ci se révèle, par ceux même qui ont trompé ».